dimanche 27 septembre 2020

Rohan Daniel Eason

De son propre aveu inspiré par Beardsley, il en a le trait précis et l'imaginaire trouble. Pour le reste, son univers est unique et fait clasher nos yeux entre longues plages d'un noir immaculé et détails


Illustration pour Docteur Who
Illustration pour la Métamorphose de Kafka

lundi 24 novembre 2014

Junji Ito


Chez Junji Ito, le registre de l'horreur se fait grinçant. L'atroce se rit de ses victimes. Les pires cauchemars sont tournés en dérision, un rire lointain bruisse entre les pages, comme une porte qui couine dans la pièce d'à côté. Le plus souvent c'est la mort elle-même qui fait entendre sa voix railleuse.

Tantôt elle fauche à tout-va, tantôt les morts n'en finissent jamais de mourir, ils hantent, ils suintent, ils se minéralisent, les cimetières envahissent l'espace plus vite qu'une attaque de spams un jour de soldes. Diverses créatures, plus ou moins mal intentionnées, se déploient, remplissent l'air de leur pestilence, arrachent les vivants à leur petite tranquillité. Face à eux, des héros jeunes, frais, au dessin manga classique, devront se méfier de tout: ballons de baudruche,

cirque, poupées, vieux disques, enfants orphelins,

mais aussi des habituels épouvantails et marchands de glace

jusqu'à l'écolière modèle dans sa jupe plissée. Foin de psychopathe déchaîné et tortionnaire. Le danger vient d'une réalité autre, qui parasite méchamment le quotidien jusque là banal des personnages.

À lire: - La Maison de Poupées (recueil 1991-1996)

- Le Cirque des Horreurs (idem 1991-1995)

- Le Voleur de Visages (1987-1997)

Et pour lire en ligne: http://openawesome.com/junjiito.html

lundi 21 avril 2014

Caroline Cesareo :: Humeur de déchet et décharge animée.


"Junkmood", telle est la nouvelle piste suivie par l'amie Caro, qui creuse la frontière entre abstrait et figuratif, ou plutôt évocation. L'aquarelle et la plume s'entremêlent, les formes se meuvent.

On est indécis, chacun reconnaîtra les apparitions à sa porte. Qui verra des monstres de type Blob, s'étirant dangereusement vers les bords du papier, qui verra un village entier s'activer, végétaux, animaux, personnages, objets en mouvement.

Et puis la seconde d'après on ne voit plus que des lignes, des couleurs, libres, batifolant au gré du grain de la feuille, un dessin existant en lui-même, détaché de la représentation.

Une oscillation permanente entre abstrait et représenté, c'est là la dynamique assumée et sans cesse relancée du travail de Caro Cesareo.

++ son site : http://caroline-cesareo.com/

lundi 14 avril 2014

Akino Kondoh :: Les Insectes en Moi


Un dessin précis, délicat, qui se contente de suggérer lorsque c'est bien suffisant, qui s'enlumine de détails lorsqu'ils sont tous essentiels. Ce recueil propose à la fois un résumé du parcours d'Akino Kondoh, en tant qu'auteure de mangas, peintre et illustratrice et un florilège de ses publications.

Mangas puisés au fond d'une imagination centrée sur elle-même, pleine de petits bruits, de souvenirs construits à force de brindilles, de narrations extraites minutieusement de son esprit toujours en éveil, capable de suspendre des rubans dans l'espace ou de broder des boutons ex-voto pour coccinelle.

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Les réfractaires au bizarre, à la rêverie dévalant les pages en roue libre, passeront leur chemin. Les autres se retrouveront, surpris, dans cet univers si familier à force d'être personnel.

++ son site:

http://akinokondoh.com/

mardi 15 octobre 2013

Weathercraft, Jim Woodring


Une histoire muette, ou plutôt qui laisse bavarder l'encre, et elle en a des choses à dire, à raconter, sur ce héros bedonnant qui traverse un monde entier sur ses quatre et deux pattes, groin au vent, croisant moult personnages/entités/créatures plus originales les unes que les autres.

C'est une jolie fable, avec peut-être bien un message, sans ostentation, juste un régal pour les pupilles qui n'en finissent pas de dérouler les traits, pour voyager et explorer chaque case.

Et je ne dirai rien du pourquoi du titre. Allez savoir qui tient réellement les ficelles de cette histoire. Suivez donc le personnage mi-homme mi-cochon, vous verrez bien.

Anamorphosis, Kago Shintaro


Manga emprunté au hasard, parce que la couverture me rappelait une série de dessins de Caro Cesareo (http://caroline-cesareo.com/blog/index.php).

Il est tout d'abord question de trucages à l'ancienne, d'un très riche milliardaire qui peut s'acheter des quartiers entiers pour y installer ses décors, de morts suspectes et nombreuses, de monstres traditionnels japonais, de la même famille que Godzilla, ou d'Alien, enfin de machins bien mélangés, remontés comme des coucous suisses et tentaculaires.

L'histoire est construite à mi-chemin entre le cauchemar et l'enquête policière, plusieurs trames se rejoignent et une fois finie, la première impulsion est de revenir au début pour comprendre où et comment on s'est fait berner. Le trait parfaitement épuré ne cesse de donner une fausse impression de limpidité, quand l'histoire se complexifie à chaque page, un mensonge en découvrant un autre. Ou s'agit-il d'illusions ?

Les autres histoires présentes dans ce recueil sont tout aussi grinçantes et parsemées de cadavres amochés et de personnages féminins obligés d'être retorses face à la domination et la violence masculines. Manga, conte avec présence d'esprits tutélaires plus ou moins envahissants, intrigue policière, fait-divers glauque, les codes se mélangent, nous voilà bien malmenés de bout en bout, avec une tonne d'interrogations une fois le bouquin refermé. Et l'envie de replonger dans cet univers malsain très vite.